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– Contenu et Programme
– Suivi post-formation
– Ressources bibliographiques

Contenu et Programme

« On doit vivre sa vie en regardant devant soi, mais on ne la comprend qu’en regardant en arrière ». Sören Kierkegaard

En vieillissant, il nous semble qu’on perd la mémoire, même en l’absence de pathologie du cerveau. Peut-être, oui, mais laquelle ? La forme de mémoire qui fonctionne comme une base de données (codage, stockage, accès), absolument nécessaire pour la vie de travail, ne comble pas le besoin de faire sens de notre biographie. Pour cela, il faut développer la mémoire autobiographique, laquelle est avant tout une aventure psychologique. La « fictionalisation » de notre récit est un élément essentiel pour comprendre, changer et apprécier notre cinéma intérieur.

1. Au-delà de la pratique du journal intime
La psychologie s’est longtemps limitée à la pratique du journal intime, qui n’a d’autre destinataire que son auteur et risque de contribuer à l’enfermement solipsiste.
Par contraste, les approches narratives permettent une nouvelle interprétation des faits qui ont façonnés notre personnalité, ce qui permet non seulement de faire du sens, mais aussi de se distancier de ce qu’on pense être immuable. Cette approche surpasse en puissance la plupart des approches traditionnelles et se voit confirmée par les neurosciences. 

2. Au-delà de la technique
Il y a abondance de cours, de sites, de livres qui dispensent les rudiments de la technique narrative et expliquent le principe bien connu du « show don’t tell ». Nous consacrerons quelques heures à l’acquisition de ces techniques de base. 
Toutefois, la bonne technique ne suffit pas pour qu’un récit ouvre à de nouvelles possibilités de vie. Il faut pour cela être guidé, comme pour une thérapie, et plonger dans les dimensions inconscientes du psychisme. C’est là que se trouve le secret du « point de vue inconscient » que l’on porte sur les événements de notre vie. Cette quête est favorisée par la présence d’un thérapeute expérimenté.

Clientèle
Une expérience de psychologue, psychiatre, psychothérapeute, travailleur social, éducateur, infirmière ou intervenant en relation d’aide sont utiles mais non nécessaires.
Ce séminaire est ouvert à toute personne qui désire élaborer un récit de vie qui va au-delà du « selfie »  (c’est à dire un compte-rendu des faits et des relations).
Cette formation s’adresse également aux thérapeutes qui désirent aller au-delà du modèle bio-médical et désirent explorer la nouvelle alliance entre neurosciences et humanités.
Méthode pédagogique
Les deux journées en présentiel marient la pratique à la théorie. Chaque rencontre offre la possibilité d’une exploration personnelle à partir d’exercices brefs pour découvrir la diversité des points de vue du narrateur et en choisir un qui permettra la plus grande puissance thérapeutique.

Objectifs d’apprentissage
–Présenter une approche pratique, de courte durée et multidisciplinaire pour qu’une écriture soit à la fois introspective et rétrospective.
— Comprendre ce que signifie une « ré-organisation des fonctions cognitives » par l’écriture.
— Situer les approches narratives dans une perspective neuro-scientifique, historique et critique.
— Présenter les similitudes entre diverses approches narratives et l’approche de Jung, Hillman, Campbell, Von Franz.
Formatrice
Professeur émérite du Pacifica Graduate Institute, de Santa Barbara, Ginette Paris revient au Québec après vingt ans d’enseignement et de pratique en Californie.
Conférencière internationale, elle est l’auteur de livres de psychologie traduits en sept langues.
Elle a dirigé une cinquantaine de thèses de doctorat et formé des thérapeutes au Canada, aux États-Unis, au Mexique, en France et en Suisse.
James Hillman, le fondateur de la psychologie archétypale et nommé pour le prix Pulitzer, considère le livre de Ginette Paris, Wisdom of the Psyche (Routledge) comme « un livre qui tourne la page sur un siècle de psychologie ».
Pour une liste exhaustive des livres et traductions de G. Paris, voir l’onglet LIVRES. Pour la liste de ses formations et conférences données aux États-Unis, en Suisse, en Angleterre et au Mexique, voir l’onglet C.V.

Inscription 

 –Par virement de 450 $ à  chevreuil@cgocable.ca  

Question de sécurité  pour le virement : pourquoi écrire.   Réponse (Mot de passe)   individuation

— En cas d’annulation de votre réservation vous serez remboursé de la moitié de ce montant.  

–Inscription par la poste : 614 chemin Echo, Morin-Heights,  QC,  J0R-1H0

–Si vous avez des questions, envoyez-nous un courriel à chevreuil@cgocable.ca  

— Un bref questionnaire vous sera transmis au moment de votre inscription.

Suivi post-formation: supplément sur les techniques narratives (Zoom ou présentiel)

La formation de deux jours sera suivie, pour ceux que cela intéresse, par des rencontres en petits groupe ou encore par des consultations privées avec la formatrice. 

Ces groupes, partout où ils existent, font la différence entre les projets d’écriture qui aboutissent et ceux qui demeurent à l’état d’esquisse.
La formatrice proposera une formule, une structure et un calendrier des rencontres afin de faire de ces groupes une communauté d’amis qui travaillent à fabriquer votre récit de vie.
Il est important de suivre votre propre rythme et de trouver votre style personnel, toutefois il y a un minimum de trucs à maîtriser pour ne pas perdre votre temps à répéter les erreurs que font tous les débutants.
Plusieurs des thèmes abordés pendant la formation de deux jours méritent d’être approfondis avant de commencer à écrire un texte qui vous impliquera personnellement. Écrire vos mémoires vous mettra devant votre ombre (dans le sens du concept Jungien). C’est à la fois difficile et bénéfique car l’élément déclencheur d’un processus d’individuation, terme jungien qui signifie une augmentation de la vitalité psychique, commence par une exploration de l’ombre. Un récit de vie qui ne regarde jamais du côté de l’ombre n’est pas crédible et ne produit aucune tension dramatique.


 

Ressources bibliographiques

Ressources bibliographiques

1. Que signifie « réorganiser ses fonctions cognitives « ?

La neuroscience, la neurobiologie interpersonnelle et la médecine narrative (Hofstader 2007 ; Cozolino 2006; Badenoch, B. 2008; Coulehan, 2003 ; Charon, & Montello 2002 ; Randall 2010), démontrent comment le développement de la capacité narrative facilite une ré-organisation des fonctions cognitives et s’avère être un antidote à la dépression, à l’ennui, aux symptômes psychosomatiques.

L’approche narrative est également utilisée dans le traitement des traumas relationnels. (Williams, D. 2013 ; Zak, P. J. 2016; Herman, D. 2017 ; Mehl-Madrona, L. 2010 & 2015; Parkinson, R. 2009; Zimmerman, J. 2017; Mesa &Passerman 2011) afin d’éviter de demeurés coincés dans le récit traumatique.

2. Plusieurs théories, une même thématique
Ce que White et Epston (1990) ont appelé « l’externalisation du conflit » dans leur approche de la thérapie par la narration, reprend des thématiques déjà abordées par d’autres théoriciens mais sous d’autre appellations. Par exemple la notion de « mythe personnel » (Campbell), de «processus d’individuation» (Jung) et « d’analyse archétypique (Hillman 1975,1983 ; Paris 2018a, 2018b ) ont en commun d’inciter le sujet aller au delà du modèle bio-médical
Les neurosciences insistent sur l’importance de solliciter d’avantage la capacité symbolique du cerveau droit (McGillchrist, 2009 ; Gottschall, J. (2013) ; Beaudoin, M.-N., & Zimmerman, J. (2011) afin d’arriver à un équilibre de la personnalité.

2. Perspective historique et critique
La forme narrative peut servir le renouvellement des idées, le refondement d’une identité libérée, mais elle mène tout autant à la désinformation, la manipulation, la propagande ou le déni du trauma, comme c’est parfois le cas dans certaines approches New Age. Il importe donc de travailler avec des guides compétents et formés en psychologie afin de développer une pensée critique en prenant conscience du point de vue du narrateur. (Phillips, 2005 ; Comte-Sponville 2002, Paris 2018a, Hillman 1983) Gottschall 2013).

Liste des références

Badenoch, B. (2008). Being a brain-wise therapist: A practical guide to interpersonal neurobiology. New York, NY: Norton.
Campbell, J. (2013) Le Héros aux mille et un visages. Folio 2013.
Charon, R., & Montello, M. (2002). Stories matter: The role of narrative in medical ethics. New York, NY: Routledge.
Comte-Sponville, A. (2002). Traité du désespoir et de la béatitude. Paris, France: Presses universitaires de France.
Coulehan, J. (2003). Metaphor and medicine: Narrative in clinical practice. The Yale Journal of Biology and Medicine, 76(2), 87–95.
Cozolino, L. (2006). The neuroscience of human relationships. New York, NY: Norton.
Gottschall, J. 2013. The storytelling animal: How stories make us human. Boston, MA: Houghton Mifflin Harcourt
Hillman, J. (1975). Re-visioning psychology. New York, NY: Harper & Row.
Hillman, J. (1983). Healing fiction. Barrytown, NY: Station Hill Press.
Hofstadter, D. R. (2007). I am a strange loop. New York, NY: Basic Books
Jung, C.G. Ma vie : Souvenirs, Rêves et Pensées. Folio 1991
Jung, C,G. Man and his Symbols. Doubleday, New York 1964
McGilchrist, I. (2009). The master and his emissary: The divided brain and the making of the Western world. New Haven, CT: Yale University Press.
Mehl-Madrona, L. (2010). Healing the mind through the power of story: The promise of narrative psychiatry. Rochester, VT: Bear.
Mehl-Madrona, L. (2015). Remapping Your mind: The neuroscience of self-transformation through Story. Rochester, VT: Bear & Company.

Meza, J. P., & Passerman, D. S. (2011). Integrating narrative medicine and evidence-based medicine: The everyday social practice of healing. New York, NY: Radcliffe.
Paris, G. (2011). Heartbreak: New approaches to healing: Recovering from lost love and mourning. Minneapolis, MN: Mill City Press.Volume 1 and 2.
Paris, G. (2018). Au delà de la honte et de l’orgueil. Paris, Éditions Dervy-Entrelacs.
Paris, G. (2018) La nuit et le jour. Roman. Montréal. Editions Del Busso.
Parkinson, R. (2009). Transforming Tales: How Stories Can Change People. London, England: Jessica Kingsley Publishers.
Phillips, A. (2005). Going sane: Maps of happiness. New York, NY: HarperCollins.
Randall, W, (2010) The Narrative Complexity of our Past: in Praise of Memory’s Sins. Theory and Psychology, 20 (2) 147-169
Rudnytsky, P. L. (2008). Psychoanalysis and narrative medicine. Albany, NY:
White, M, & Epston, D. (1990). Narrative Means to Therapeutic Ends. New York, NY: Norton.
Zak, P. J. (2016). Why inspiring stories make us react: The neuroscience of narrative. In B. Glovin (Ed.), Cerebrum 2015: Emerging ideas in brain science. (pp. 15–26). Washington, DC: Dana Press. (2016-34105-002).
Williams, D. (2013). Trickster Brain: Neuroscience, Evolution, and Narrative. Lanham, MD: Lexington Books.
Zimmerman, J. (2017). Neuro-narrative Therapy: Brain Science, Narrative Therapy, Poststructuralism, and Preferred Identities. Journal of Systemic Therapies, 36(2), 12–26. https://doi.org/10.1521/jsyt.2017.36.2.12